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 « 'Cause we're all lost stars » † Isaac & Gwenaëlle

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Isaac M.-B. Rodriguez
Isaac M.-B. Rodriguez
Little Bloody †
Deuils : 39 Enterré le : 07/08/2014 Job : Barman au Cross Fire

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MessageSujet: « 'Cause we're all lost stars » † Isaac & Gwenaëlle    « 'Cause we're all lost stars » † Isaac & Gwenaëlle  EmptyMer 13 Aoû - 23:36


Apple Street  ◈ Isaac Rodriguez & Gwenaëlle Fontaine

« 'Cause we're all lost stars »
♦


 





D

rôle de temps qu'il nous faisait, aujourd'hui. Le ciel était gris et chargé d'orage. A croire que les petits nuages noirs et électriques qui se baladaient au dessus de ma tête depuis hier matin avaient pris possession des cieux. Au moins, le vent montait un peu, nous apportant une certaine fraîcheur, bienvenue par ce temps étouffant. Enfin... Je me sentais fatigué, anxieux, les nerfs roulés en boule comme un brouillon raté qu'on s'apprête à jeter hargneusement à la poubelle. Mon corps réclamait ma pitié, que je lui offre du repos, une pause. Depuis plus de vingt-quatre heures, je arpentais les deux mondes. J'avais dormi deux heures à tout casser, cette nuit. Bien entendu, j'avais travaillé, toute la nuit, en boîte. J'avais mimé le parfait barman souriant, mais mes pensées étaient tournées ailleurs. Largement plus bas, si vous voulez mon avis. Mes pensées étaient tournées vers la Terre, vers ces mortels que j'avais quitté contre mon gré. Rien que cette pensée me fit fermer les poings, enfoncés dans les poches de mon jean sombre. Je baissais la tête, la rentrant dans mes épaules comme pour me protéger du ciel qui s'apprêtait à me tomber sur la tête dans un grondement sinistre. Pffff, la pluie ne me tuerait pas, même si elle le voulait.


M

on esprit était totalement vagabond. Hier, dans la matinée, après avoir dormi mon peu d'heures nécessaires pour récupérer, j'avais voulu descendre. C'était à chaque fois une expérience pénible, durant laquelle je me sentais invisible - et pour eux je l'étais totalement - mais c'était aussi mon seul moyen de garder des nouvelles. En bas, personne ne me voyait ou ne me sentait, du moins pas des personnes que j'aimais, et je ne faisais que me balader, les observer, m'assurer avec un sourire bienveillant qu'ils aillent bien. C'était inutile, puisque je n'avais aucune prise sur le monde, mais ça me faisait un bien fou. Ça m'apaisait. Ça me calmait quand mes nerfs n'en pouvaient plus. J'étais d'abord passé chez moi. C'était l'été, et mes parents n'étaient pas partis en vacances. On n'était jamais partis en vacances, en fait. Chloé dormait encore, pâle dans son grand lit, tranquille. Ma mère faisait des crêpes en parlant avec mon père, qui accrochait une photo de famille au mur de la cuisine, à portée de vue de ma cuisinière de mère. Une photo de mes sœurs et moi. J'étais appuyé sur mes paumes de main, tête rejetée en arrière, un de ces grands sourires heureux aux lèvres, pendant que ma toute petite princesse avec son petit bouquet de fleur me chatouillait le nez, portée par sa grande sœur. Cette photo me serra le cœur. Cependant, Clara qui passa la porte pour dire qu'elle sortait, voilà qui me réchauffa le cœur. La vie continuait, c'était bien, comme ça.


M

on inspection de routine continua au QG de mes trois inséparables. Il ne me restait qu'eux à voir. J'étais à peu près sûr qu'ils seraient là. Après tout, je les connaissais bien. J'avais passé 19 ans avec Maxime, 9 avec Gwen, 7 avec Jérémy. Et en effet, comme je m'y attendais, ils étaient là. Gwen était absente. La situation ne me revenait pas. Max' faisait les quatre-cents pas, Jérémy essayait de le raisonner. Le gamin avait toujours était fort pour nous remettre les pieds sur terre. Cependant, Max ne semblait pas pouvoir se calmer. En arrivant à une distance correcte, je pus entendre la raison de cette violente agitation et discerner mieux les traits tirés du jeunot. Gwen avait été renversée par un camion et ses jours étaient en danger. Même mort, l'annonce glaça le sang dans mes veines, mon cœur manqua un battement. Non. Non, non, non et NON ! Ce n'était même pas envisageable. D'accord, la mort me faisait moins peur, maintenant que j'étais passé par là, mais NON ! Il restait des choses que cette fille pleine de vie devait accomplir ici. Elle avait une famille, mine de rien. Et puis je savais que mes deux acolytes au masculin étaient attachés à elle. Perdre de nouveau quelqu'un ? NON !


J

'avais, par pur instinct, pris le chemin de l'hôpital et arpenté unes à unes les chambres. J'étais complètement fermé au monde qui m'entourait, mon intention ne pouvant se focaliser que sur une chose ; cette fille que j'avais aimé et qui avait eu le cœur de ne pas me laisser mourir seul. Lorsque je trouvai enfin sa chambre, la vision sous laquelle elle m'apparut me retourna complètement. Ses parents étaient assis dans une pièce d'atteinte, et elle était entourée de médecin. Elle était pâle là où son visage n'était pas abîmé. J'imaginais vaguement ce à quoi son corps, caché par un drap, pouvait bien ressembler après cette rencontre expresse avec un camion. Mon regard ne la lâchait pas. Instantanément, je m'en voulais de ne pas avoir pu la protéger. Si j'avais toujours été vivant... Peut-être que les choses auraient été différentes. Je passai la porte sans l'ouvrir, mon corps sans prise sur mon ancien monde traversant aisément le bois, sous le regard arrondi d'un médecin. Un médium, assurément, puisqu'il me voyait clairement, et qu'il était le seul. Je n'étais donc pas de retour dans ce monde.


T

oute la journée, aussi inutile que je puisse me sentir, je restais à l'hôpital. C'était sûrement stupide de faire ça. Mais c'était plus fort que moi. Elle m'avait attiré contre elle lorsque je me vidais de mon sang, elle avait simplement été là, sa voix me berçant paisiblement, chassant la douleur. Je lui devais d'être là, même si j'espérais du fond du cœur que sa vie reprendrait. Mais quitte à être là et invisible, autant veiller sur elle. Elle qui détestait qu'on la protège, elle n'avait plus vraiment son mot à dire, maintenant. Alors, ma journée se déroula au son des machines d'hôpital, des allées et venues des médecins, des regards inquisiteurs de ce médium. Lorsqu'elle était calme et que son cœur ne lâchait pas, je reprenais pour moi même ces moments qu'on avait passés ensemble. Pas nécessairement comme un couple ; mais comme un groupe soudé tout du moins. J'avais été amoureux d'elle, vraiment, et depuis qu'elle était partie avec un autre les choses s'étaient améliorées. Et puis j'étais mort, et voilà qu'elle était sur le point de suivre le même chemin que moi, en abandonnant parents, sœur, amis. J'avoue que je me sentais perdu dans un déluge de sentiments, moi qui, depuis plusieurs années avais réussi à bloquer le cours des sensations trop violentes pour moi...


A

la fin de la journée, son état n'avait pas changé ; il était toujours excessivement préoccupant, et les médecins parlaient, en l'absence de sa famille, d'un cas perdu. Ma présence ne lui avait rien apporté. De plus, on avait besoin de moi, là-haut. Si encore j'avais été d'une quelconque utilité, j'aurais envoyé le travail se faire voir, pour Gwen... Mais j'étais inutile, alors il valait mieux que je retourne gagner ma misère en boîte de nuit. Toute la soirée, le barman souriant et riant avait été porté disparu. J'étais poli avec les clients, je leur décochais les sourires nécessaires à la bonne réputation de l'établissement - sinon j'allais me faire tuer par mon patron -, mais au fond, tout ça, c'était creux, c'était vide. La nuit traîna en longueur, mes pensées loin de mon âme, mon cœur battant irrégulièrement, alourdi par le poids d'une drôle de culpabilité. Puis j'étais rentré chez moi, je m'étais jeté sous ma couette, m'enroulant dedans comme un gamin apeuré, pour dormir. Quatre heures plus tard, j'étais vif et alerte. Je savais d'avance qu'il n'y aurait rien à faire. Mon estomac était retourné. Le petit déjeuner n'était même pas une négociation envisageable, et il fut remplacé par un verre de jus d'orange frais. La case salle de bain fut rapidement expédiée ; une douche rapide et efficace, un séchage rapide, y compris de mes cheveux à coups de serviette, et je m'étais habillé, laissant tranquille ma barbe de deux jours qui m'allait très bien. J'avais enfilé un jean sombre, coupé légèrement en slim, et un tee-shirt bleu marine près du corps, avec le col ouvert en V. Les tatouages de mes bras étaient clairement visibles. Enfilant mes converses noires et attrapant mes clés et mon téléphone, je finis par sortir.


E

t c'est là que j'atterris sous ce ciel d'orage pour la première fois de la journée, déambulant toute ma matinée sans but. L'idée de redescendre m'avait effleuré l'esprit, mais j'avais trop peur de revivre la même journée qu'hier ou, au contraire, de découvrir avec horreur que ma pétillante petite Gwenaëlle était montée beaucoup plus tôt que je ne m'y attendais. Je finis par rentrer chez moi sur le coup d'une heure de l'après-midi, pour avaler quelque chose et attraper mes papiers, au cas où je ne rentrerais pas avant d'aller travailler. Quoi que, je me voyais bien me faire porter malade pour ce soir. J'allais exploser à devoir sourire aimablement en faisant un Vesper à la cuillère deux tours vers la gauche. Moi, me moquer de Bond ? Allons, je n'oserais pas. Toujours est-il que c'était l'après-midi, lorsque je sortis de nouveau sous ce ciel noir et grondant, mes poings serrés au fond de mes poches, le regard usant les pavés inégaux, la tête dans les épaules. Retour au moment présent, donc. Mon esprit vagabond me jouait des tours. Je finis par relever la tête, soupirant douloureusement, mes traits tirés par un mélange de fatigue et d'attente. Attendre que Gwen choisisse de quel côté elle voulait aller du tunnel. Si elle n'était pas encore morte, c'était qu'on lui laissait le choix, à elle...


D

ans un grondement de tonnerre, l'air se refroidit clairement, et le vent montant amena des effluves de bitume chauffé à blanc par le soleil puis refroidi par une lourde pluie d'été. Les gouttes se firent entendre, et une espèce de mur d'eau s'avança droit sur moi. Dans la précipitation, la rue se vida, et je finis sous cette pluie diluvienne mais agréable. Accélérant le pas, je levais la tête vers le ciel, laissant l'eau vider mon visage des traces d'inquiétude. C'était assez peu utile, car l'effet de fraîcheur ne durerait pas, mais sur le coup, c'était agréable. Je finis par poser de nouveau mon regard brûlant sur la rue. Les rares personnes encore en mouvement s'étaient cachées sous leurs grands parapluies et marchaient vivement, avec visiblement un but bien en tête, alors que moi, je déambulais, le tee-shirt plaqué contre mon corps, sans but et sans volonté. Mon regard s'arrêta sur une personne en particulier, plus loin, dans la rue. Une jeune femme, brune, petite et fine, sans parapluie. Une autre âme errante, peut-être ? A cette distance, je ne pouvais être sûr de rien. Cette fille perdue n'avait rien de bien distinctif d'une autre, à cette distance. Pas comme moi, au regard des encres sombres courant sur mes bras. A ma connaissance, elles étaient uniques. Totalement uniques. Continuant de marcher, je passai une main habile dans mes cheveux, pour le repousser lorsqu'ils tombaient sur mon front, d'un geste que j'avais toujours effectué avec cette nonchalance. La pluie se faisait plus fine. Comme tous les orages, celui-ci ne tarderait pas à laisser le soleil reprendre ses droits sur The City. Ma peau mouillée se languissait par avance de la caresse du soleil.


Dernière édition par Isaac M.-B. Rodriguez le Mar 23 Jan - 19:18, édité 2 fois
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Gwenaëlle A. Fontaine
Gwenaëlle A. Fontaine
La chieuse qu'on aime tous !
Deuils : 17 Enterré le : 08/08/2014 Localisation : Partout et Nulle Part
Job : Danseuse et serveuse en boîte de nuit

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MessageSujet: Re: « 'Cause we're all lost stars » † Isaac & Gwenaëlle    « 'Cause we're all lost stars » † Isaac & Gwenaëlle  EmptyVen 15 Aoû - 14:45

© made by Islande



'Cause we're all lost stars

Gwen & Isaac →N'aie pas peur du changement. Tu perdras peut-être quelque chose de bon, mais tu gagneras sans doute quelque chose de mieux.


Gwen se trouvait dans le noir total. Enfin, elle ne savait pas si elle était devenue aveugle ou si elle était juste dans une pièce sans aucun éclairage. Il n'y avait aucun bruit. Elle sentait son corps, elle pouvait bouger, mais elle n'entendait rien, ne voyait rien, ne sentait rien. C'était donc ça, la mort ? Se retrouver dans le vide intersidéral ? Puis elle vit un point clair au loin. Qui grossissait, s'approchait d'elle. Bientôt, cela l'engloba. C'était chaud, doux, un peu comme se retrouver dans les bras de quelqu'un alors qu'on est petit, ou s'enfouir sous une énorme couette pour être au chaud. Puis la lumière commença à décliner jusqu'à laisser apparaître un paysage des immeubles, des commerces, et des gens marchant à pas plus ou moins pressés. La surprise, l'incompréhension se muèrent en peur. Où était-elle ? Qu'est-ce qu'elle faisait là ? Un homme la bouscula sans s'excuser. Elle l'aurait habituellement interpellé, mais elle se décala comme si il l'avait brûlée. Elle n'était pas revenue en tant que fantôme dans elle ne savait quelle ville. Elle se rendit compte après coup qu'il pleuvait. En fait, elle était quasiment trempée. Le tonnerre gronda au loin.
Elle tourna sur elle-même pour tenter de se repérer, tenter de trouver où elle était. Sans succès. Rien ne lui était familier. Pas même ses vêtements. Elle n'avait jamais porté ceux qu'elle avait, un débardeur noir avec des inscriptions rouges près du corps, un jean blanc cassé et des ballerines anthracite. Elle avait les cheveux lâchés, comme presque toujours. La marée de passants lui était totalement inconnue, pas même un visage vaguement retenu. Elle commença à la remonter à contre-courant, dans l'espoir de trouver une rue ou une avenue qu'elle connaissait. Peut-être qu'elle était dans une ville où elle était déjà venue.
Puis le souvenir lui revint en pleine figure. Le cri d'avertissement. Le temps qui semblait se ralentir. L'expression terrifiée du conducteur du camion. Les battements de son cœur. Sa peur et ses regrets quand elle avait réalisé qu'elle allait mourir. Ses pensées qui étaient allées dans tous les sens, comme une nuée d'oiseaux effrayés. Le choc contre le pare-chocs du poids lourd. La douleur fulgurante qui l'avait traversée de part en part. Puis le vide total jusqu'à ce qu'elle se réveille dans le noir complet, et la lumière qui l'avait entourée. Elle sentit son souffle se bloquer. Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Elle était sensée être morte, et voilà qu'elle se trouvait dans une rue complètement inconnue, qu'elle n'avait jamais vue de sa vie ! Est-ce qu'elle avait rêvé tout ça ? Mais dans ce cas, pourquoi est-ce qu'elle ne se souvenait pas s'être réveillée, puis être sortie ? L'avait-on droguée pour qu'elle ne se souvienne de rien, et venait-elle de reprendre connaissance ?
Elle recula jusqu'à s'adosser à un mur en essayant de calmer sa respiration trop forte et trop rapide, et aussi pour calmer les battements frénétiques dans sa poitrine. Elle chercha désespérément un visage familier dans la foule, mais la pluie diluvienne et sa petite taille ne l'aidaient pas vraiment. Elle voyait seulement des silhouettes grises, certaines masquées par une capuche et d'autres abritées par un parapluie. C'est vrai qu'elle commençait à avoir froid. La pluie imbibait ses vêtements légers et ses cheveux dégoulinaient. On aurait pu la tordre pour l'essorer. Elle était obligée de ciller frénétiquement pour que la pluie ne l'aveugle pas. Elle finit par se calmer un peu, et s'exhorta au mouvement. Elle rejeta ses cheveux, qui avaient davantage l'aspect d'une serpillière à cet instant, en arrière, et avança pour remonter le courant de gens à contresens. Lorsque la foule se fit plus clairsemée, elle baissa la tête pour regarder le sol. Par conséquent, elle ne regardait pas où elle allait... Et elle percuta quelqu'un. De plus grand qu'elle, assurément. Elle marchait assez vite pour essayer de semer cet espace qu'elle ne connaissait pas, et le choc l'avait envoyée à terre. Elle s'était presque fait mal, l'autre était squelettique, ou quoi ? Elle grogna en se redressant.
« Je suis vraiment désolée, je ne regardais pas où j'allais... J'aurais du faire plus attention... »
Elle se releva et regarda son interlocuteur, qui s'avéra être un homme. Elle lui jeta d'abord un coup d'oeil, puis détourna le regard avant que son cerveau ne réagisse. Elle sentit sa gorge se serrer et elle le regarda de nouveau... Et lâcha un cri perçant. C'était impossible. Ce n'était pas lui. Elle avait lu une fois qu'on avait quatre sosies physiquement sur Terre. Ça ne pouvait être que ça. Il était mort, donc il ne pouvait pas se trouver devant elle à ce moment !

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Isaac M.-B. Rodriguez
Isaac M.-B. Rodriguez
Little Bloody †
Deuils : 39 Enterré le : 07/08/2014 Job : Barman au Cross Fire

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MessageSujet: Re: « 'Cause we're all lost stars » † Isaac & Gwenaëlle    « 'Cause we're all lost stars » † Isaac & Gwenaëlle  EmptyDim 17 Aoû - 19:44


Apple Street  ◈ Isaac Rodriguez & Gwenaëlle Fontaine

« 'Cause we're all lost stars »
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L

'eau me ruisselait contre le corps, collant mon tee-shirt marine à ma peau, prenant la forme anguleuse de mes muscles fins sur mon physique sec. Et pourtant, je m'en contrecarrais totalement. À vrai dire, je n'avais jamais vraiment été frileux. Je me fichais totalement du froid, la pluie me dérangeait un peu plus, mais ma foi, ce n'était qu'un orage, et le plaisir de sentir le soleil brûlant de l'après-midi caressant ma peau fraîche était par avance désirable. J'avais connu cette sensation maintes fois à Paris, et ici, le soleil d'été était encore bien plus agréable que dans ma cité natale... Donc prendre la pluie et déambuler ne me dérangeait pas plus que ça. Je me fichais pas mal des regards qui coulaient sur moi, abrités sous leurs parapluies. J'étais mouillé, oui, et ? Je n'avais de compte à rendre à personne, et surtout pas à des passants inconnus me regardant avec intérêt, comme si j'étais une sorte de chose étonnante et détonante dans le paysage. Moi aussi, je les regardais avec cet intérêt scientifique face à une espèce inconnue, ce qui faisait pétiller mon regard. Pouvait-on réellement avoir peur de la pluie au point de se planquer sous un parapluie dès qu'il y avait cinq minutes de gouttes ? Plus sérieusement, les gens qui m'entouraient, de mon point de vue, pourraient bien être aussi fous que moi du leur, non ?


M

ais, à dire vrai, les deux fous, aux yeux de la majorité, n'étaient autres que moi et cette brune toute menue, qui venait face à moi, les yeux baissés, ses longs cheveux bruns comme un écran sauvage autour de sa figure. À la voir avancer, malgré ses pas rapides, on la sentait sans but, sans destination. Comment je le savais ? Eh bien, la rue avait été mon domaine, et si je n'étais pas devenu un éminent spécialiste du comportement humain, j'avais appris à détecter les personnes. C'était un peu plus pratique pour les quelques vols à l'arrachée qu'on avait commis, ou alors les frayeurs qu'on s'amusait à faire aux passants. Si la personne était sûre d'elle, si elle cherchait quelque chose, si elle était du quartier, si elle se méfiait... Je décryptais un minimum de comportements en rue. Bon, pas toujours à juste, même régulièrement à tords puisque je vous l'avais dis, ce n'était pas une science exacte que j'avais apprise mais... Là je supposais sûrement à raison que la demoiselle n'avait pas de but, enfin, rien de concret. Accélérer pour éviter la pluie, ce genre de choses, mais pas grand-chose de plus.


C

'était sans compter que cette brune, qui avançait droit vers moi, me cloua sur place. C'était une silhouette et une démarche que je connaissais, ce même brun profond et cette peau claire, et les traits de son visage, que je devinais doux, et surtout terriblement familiers. Mon cœur manqua un battement tandis que je m'immobilisais en pleine rue, totalement face à elle, mes traits jusque là plus détendus se refermant à cet instant en une expression douloureuse. Alors, c'était ça ? Alors, c'était le côté qu'elle avait choisi ? Peut-être qu'on l'y avait poussé, d'ailleurs, parce qu'elle n'avait pas choisi de revenir assez tôt ? Un tas de pensées douloureuses traversèrent ma tête. Ses parents et sa sœur en deuil, nos deux acolytes qui ne seraient sûrement pas acceptés aux funérailles bourgeoises de cette fille de la rue... Mais plus encore, ce que son arrivée représentait. Elle serait complètement perdue. Rien ne l'avait préparé à me retrouver... Ni à mourir, de toute façon. Sauf que le premier choc, avant d'apprendre qu'elle était morte, elle aussi, serait de me revoir, moi qu'elle avait vu mourir dans ses bras. Même si elle me haïssait – ce qui m'étonnerait fortement, parce qu'il ne fallait pas abuser non plus – elle aurait un choc.


E

t vous parlez d'un choc. Elle ne regardait pas où elle allait, et je n'avais plus rien qui fonctionnait correctement, pas même le cerveau. Alors, planté au milieu de la rue, j'avais reçu de plein fouet Gwenaëlle. Alors qu'elle se retrouvait assise sur le trottoir, le choc me fit chanceler et reculer de deux pas. On avait fait mieux comme retrouvailles, tout de même... Je me repris le plus rapidement possible, prêt à lui tendre une main secourable pour se relever, néanmoins elle le fit sans mon aide, et ma main retomba inerte le long de mon corps. J'avais la sensation que le monde avait cessé de tourner autour de moi. Rapidement, mon regard croisa celui de Gwen. Trop rapide. Pas assez long. Dans le même temps, elle s'excusa, et j'eus le simple réflexe de secouer la tête. Je fis en sorte de me reprendre assez vite. J'étais préparé à cette éventualité depuis la veille, de toute façon... Bon, on n'est jamais préparé à la mort, quoi qu'on en dise. Mais je ne pouvais pas rester scotché comme ça... Pas quand elle comprenait, pas quand son regard arrondi par une surprise presque horrifiée revenait se planter dans mon regard douloureusement sombre, pas lorsqu'elle lâchait un cri. Un réflexe humain s'empara de moi et je posai mes deux mains sur ses épaules, mon regard perçant dans le sien, ce regard qui n'appartenait qu'à moi. Ma voix, cette même voix égale et assurée que le leader que j'avais été possédait, résonna doucement.

« Laisse-moi m'expliquer, Gwen. C'est moi. Viens. »


M

a voix était un peu pressante, mais elle était contenue, maîtrisée, ce qui la rendait le plus rassurante possible, dans cette situation. D'une pression contre ses épaules, j'attirai Gwen sous un auvent pour nous abriter un peu de la pluie, mais aussi du regard des passants, qui ne feraient pas trop attention à nous deux, par conséquent. Si on n'était pas sur leur chemin, on ne les intéressait pas, ça je le savais parfaitement. Une fois sous l'auvent, mes mains quittèrent Gwen, pour passer sur ma nuque avec une certaine raideur. Je ne savais pas par où commencer. C'était frustrant, énervant, mais aussi stressant... Et si elle ne me faisait pas confiance ? Un sifflement de frustration pure s'échappa de mes lèvres parce que je ne savais absolument pas par quel côté prendre la situation, et que je détestais que les choses m'échappent. J'avais l'impression de ne rien avoir accompli dans ma vie, dans ce genre de situation. Le trop-plein de sentiments, l'accumulation de fatigue, le stress de la veille, voilà qui était parfait pour que mon beau sang-froid me lâche. Seulement, à la place de l'explosion de colère, c'est un peu de fragilité qui remonta à la surface.

« Tu me connais par cœur. Tu sais qui je suis. Je sais que tu étais là quand je suis mort, je sais. Mais j'ai besoin que tu me fasses confiance. » Sincérité et nécessité dans ma voix. « Si tu me fais confiance, je pourrais t'expliquer tout ce que tu as besoin de savoir et répondre à toute tes questions. » j'avais retrouvé un peu de retenue en glissant une main dans la poche de mon jean. « Dis-moi... Dis-moi juste ce dont tu te souviens avant ton arrivée ici, et je ferais tout pour t'aider. »


P

rogressivement un peu de douceur m'était revenue. Mais je me sentais frustré. S'il y avait bien un domaine dans lequel j'étais loin d'exceller, c'était vraiment les relations humaines, lorsque je devais m'investir, ou me dépatouiller d'une situation délicate. Parce que parler, protéger, défendre, je savais faire, et c'était même assez facile. Tomber amoureux, montrer des facettes cachées de moi, c'était beaucoup plus difficile – ça ne m'était arrivé qu'une fois, sans trop me réussir, si vous voyez ce que je veux dire. Alors maintenant... Faire face à mon ex, morte, alors qu'elle-même m'a vu mourir dans ses bras, réussir à la convaincre que j'étais bien moi, lui expliquer la situation... Vous voyez la très légère difficulté, pour moi ? Et je détestais les difficultés. Elles me frustraient terriblement. Ça remettait en cause ma position de leader, sur Paris, et cette sensation désagréable ne m'était pas pour autant passée depuis ma mort, bien que je n'aie plus de bande à diriger, et donc plus personne à même de me défier ouvertement pour me ridiculiser. Mes doigts passèrent avec une certaine fébrilité dans mes cheveux mouillés. J'essayais de me donner contenance, d'afficher un air de calme... Sauf qu'au fond, je bouillonnais terriblement, de stress, de frustration, d'attente. Je ne savais pas trop sur quel pied danser, là, et ça n'était pas vraiment dans mes habitudes.


Dernière édition par Isaac M.-B. Rodriguez le Mar 23 Jan - 19:29, édité 1 fois
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Gwenaëlle A. Fontaine
Gwenaëlle A. Fontaine
La chieuse qu'on aime tous !
Deuils : 17 Enterré le : 08/08/2014 Localisation : Partout et Nulle Part
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MessageSujet: Re: « 'Cause we're all lost stars » † Isaac & Gwenaëlle    « 'Cause we're all lost stars » † Isaac & Gwenaëlle  EmptyMer 24 Sep - 15:52

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Cause we're all lost stars.

Gwen & Isaac →N'aie pas peur du changement. Tu perdras peut-être quelque chose de bon, mais tu ga gneras sans doute quelque chose de mieux.


Gwen n'était pas du genre à flipper pour trois fois rien. Elle n'avait pas... presque pas peur dans les trains fantôme, ne se faisait pas de films lorsqu'elle entendait un bruit chez elle alors qu'elle était toute seule, ne s'imaginait pas qu'on la suivait quand elle était seule dans la rue la nuit. Bref, c'était une fille qui avait le cœur bien accroché. Pourtant, en ce moment-même, elle s'exhortait à rester calme. Elle venait de se matérialiser (du moins c'est l'impression qu'elle avait) dans une rue inconnue, avec des gens inconnus, des vêtements inconnus... Bref, il y avait trop d'inconnus dans cette phrase, vous avez compris. Elle flippait donc, et essayait de retenir sa peur. Difficilement, vous le devinez. Quand vous n'avez aucun point de repère connu, vous flippez forcément. Après avoir pris le temps de retrouver un semblant de calme, elle sortit du coin où elle s'était réfugiée pour essayer de remonter la rue et, peut-être, trouver un endroit familier.
Elle commençait sérieusement à avoir froid. La pluie lui tombait dessus au point qu'elle avait l'impression de se trouver sous une douche glacée toute habillée. Elle devait ressembler à une serpillière. Ses cheveux et ses vêtements se collaient à sa peau. Si elle se trouvait dans une ville où elle ne connaissait personne, qu'est-ce qu'elle allait pouvoir faire ? À première vue, elle n'avait pas de papiers, pas d'argent. Elle pourrait aller loin, avec ça. Avec ces pensées sombres à l'esprit, elle ne regarda pas où elle allait, et ce qui devait forcément arriver arriva. Gwen percuta quelqu'un. Ayant adopté une démarche rapide pour fuir les lieux, et ne s'étant pas attendue au choc, elle fut envoyée à terre, en plein dans une flaque. Sympa. De toute manière, elle ne pouvait pas être plus trempée qu'elle l'était déjà, donc ça ne changeait rien. C'était juste la situation qui était un sacré bon moyen de se ridiculiser. Elle se redressa tout en s'excusant, mais sans remarquer la main proposée pour l'aider à se relever. Elle croisa son regard une fraction de seconde avant de le détourner, prête à se faire envoyer sur les roses et à le contourner pour s'en aller, et oublier ces trois secondes où elle s'était ridiculisée.
Puis l'information de ce qu'elle avait vu monta à son cerveau. Elle sentit une espèce de vide entre ses côtes, juste en dessous de la poitrine. Elle le regarda de nouveau et ne put empêcher un cri de lui échapper. Elle se couvrit la bouche des deux mains pour l'étouffer. Ce qu'elle voyait actuellement était impossible. Il était mort ! Elle l'avait vu mourir sous ses propres yeux ! Alors pourquoi est-ce qu'il était là, en chair et en os, devant elle ? Elle voulut reculer de deux pas dans un réflexe de fuite, mais il l'attrapa par les épaules pour se pencher vers elle. Trop choquée à ce moment, elle n'eut pas son réflexe habituel de se débattre, essayant plutôt de se maîtriser et ne pas partir en crise d'hystérie, et de contrôler ses pensées qui s'envolaient dans tous les sens comme des oiseaux affolés. Son cri s'étant tu en à peine quelques secondes, elle l'entendit lui parler, mais il lui aurait suffi qu'il la regarde pour qu'elle comprenne. Son regard, elle le connaissait par cœur, et il lui suffisait de le croiser pour comprendre qu'il était lui.
Il l'entraîna hors du passage des gens, pendant qu'elle essayait de ne pas exploser. Dans une rue, ça aurait été un peu gênant. Une fois en-dessous d'un auvent, (soulagement pour elle, la pluie commençait à l'énerver à lui tomber dessus) il la lâcha pour se remettre en face d'elle. Il y eut un silence durant lequel elle ferma les yeux en baissant la tête tout en refermant ses bras autour d'elle-même pour essayer de se réchauffer. Il y avait un vent un peu froid qui soufflait, et lui donnait l'impression de la congeler sur place. Lorsqu'il se remit à parler de nouveau, elle écouta la première phrase sans réagir en apparence, puis la deuxième la fit sursauter et elle releva la tête pour le regarder. C'était un souvenir qui n'avait rien d'agréable, et même si elle pouvait deviner qu'il n'appréciait pas d'en parler, il l'avait fait sans buter sur les mots, comme s'il l'avait raconté à des personnes avant. Elle se raidit lorsqu'il lui parla de confiance. Évidemment qu'elle lui faisait confiance. Le revoir alors qu'il était mort avait de quoi faire peur, mais elle savait que c'était lui, il était le seul point de repère qu'elle avait en ce moment, donc elle allait forcément se raccrocher à lui dans un premier temps.
Puis il lui demanda ce dont elle se souvenait. Avant d'arriver ici, il voulait dire ? Elle se défit encore plus qu'elle l'était, et ses yeux partirent dans le vague pendant qu'elle cherchait ce qui lui était arrivé. Elle marchait dans la rue, puis avait traversé en se trouvant distraite par son téléphone qui avait vibré. Elle ne retrouvait pas ce qu'elle avait lu, et de toute manière ça n'avait pas d'importance. Elle se souvint d'un avertissement, puis d'un bruit énorme de frein sur sa gauche, elle avait tourné la tête et vu un camion qui arrivait à toute vitesse sur elle... Elle ferma les yeux en croyant voir arriver le choc. Le souvenir lui était revenu aussi fort que si c'était réellement arrivé. Elle les rouvrit et retrouva le temps présent, avec Isaac qui la regardait toujours. Elle s'aperçut qu'elle s'était arrêtée de respirer, et prit une inspiration saccadée. Elle le regarda avec un air hésitant.
« J'ai été percutée par un camion dans la rue... Mais je ne sais pas ce qu'il s'est passé ensuite. »
Elle regarda la rue où, malgré la pluie toujours aussi forte, les passants étaient toujours aussi nombreux. Elle recula pour s'adosser au mur en frottant ses mains l'une contre l'autre à travers le tissu de ses manches pour essayer de se réchauffer. Elle essaya de partir sur un autre sujet, à la fois pour ne plus penser aux images du camion qui lui fonçait dessus, et aussi pour se rassurer. Tant qu'elle parlait, ça allait. Si on ne l'entendait plus, c'est que ça n'allait plus.
« On est où, exactement ? C'est pas Paris, ça. »
Elle le regarda en fronçant légèrement le nez. Parisienne n'ayant jamais quitté Paris qu'elle était, se retrouver ailleurs qu'à Paris n'était pas ce qui l'arrangeait le plus.

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